Les inégalités socioéconomiques dans la prise en charge du cancer du poumon ont été observées dans de nombreux pays. En France, afin de garantir le financement des produits innovants et particulièrement onéreux, dont une majorité d’anticancéreux, une liste de médicaments facturables en sus des prestations d’hospitalisation a été créée.
Parmi l’ensemble des patients diagnostiqués en 2011 avec un cancer du poumon, les patients métastatiques ayant reçu une chimiothérapie ont été identifiés dans le programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI). Au cours du suivi (2ans maximum), l’utilisation des médicaments de la « liste en sus » a été recherchée dans la base dédiée (FichComp). En plus des caractéristiques démographiques, comorbidités et traitements, le code géographique de résidence des patients a permis de définir des zones de défaveur sociale.
Au total, 11 602 patients ont été identifiés. Au cours du suivi, 7417 patients (63,9 %) ont reçu des médicaments de la « liste en sus » au cours d’au moins une séance, dont le pemetrexed (57,5 %), le bévacizumab (16,9 %) ou le topotécan (7,2 %). Ces patients étaient plus souvent des femmes (OR : 1,27 [1,16–1,39]) et des jeunes (<55ans) (OR : 2,24 [2,02–2,48]). Au contraire, la présence de comorbidités (insuffisance rénale, diabète, hypertension, BPCO et autres maladies respiratoires) était significativement associée à une moindre utilisation des médicaments de la « liste en sus » (p<0,0001). Après ajustement multivarié, les patients des zones les plus défavorisées présentaient un taux d’accès à ces médicaments moins élevé que ceux des patients résidant dans les zones les plus favorisées (OR ajusté : 0,80 [0,71–0,89]).
Dans un système de santé pourtant organisé pour assurer l’équité des soins médicaux et une juste diffusion de l’innovation, cette étude suggère qu’un gradient socioéconomique dans l’accès de certains médicaments pourrait exister.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
© 2015
Publié par Elsevier Masson SAS.